Si vous approchez de la retraite ou si vous y êtes déjà, ce blog vous donnera une fondation sur laquelle construire votre portefeuille de retraite. Vous y trouverez une stratégie inventée par le renommé planificateur financier Harold Evensky. Une stratégie qui a pour but de soulager vos inquiétudes au niveau de vos revenus et de vos investissements tout au long de votre retraite.
À l’approche de la retraite, on commence à réaliser que les 30 dernières années sont assez différentes des 20-30 prochaines. L’objectif n’est plus seulement d’accumuler de l’argent. On commence à penser à comment se créer un revenu à partir de ce qu’on a accumulé. La préservation du patrimoine devient un enjeux plus important.
Pour tenir compte de ces nouvelles préoccupations, il faut adapter sa stratégie de placement.
La stratégie des vases communicants est une solution simple et flexible à mettre en place. C’est une stratégie qui consiste à séparer les actifs selon le moment où ils seront dépensés. On créer un coussin pour les années les plus proches tout en permettant au reste de ses investissements de continuer à croître sur une longue période.
Cette stratégie est particulièrement utile dans les marchés volatiles comme aujourd’hui. Dans l’éventualité d’une chute drastique du marché, en adoptant une telle stratégie, vous n’avez pas à vendre vos investissements au pire moment et vous n’avez pas non plus à vous inquiéter à propos de votre revenu de retraite. En adoptant cette stratégie, on gère un risque important: la séquence des rendements.
Cette stratégie est également hautement comportementale puisque l’objectif ultime est de vous empêcher de vendre sous la pression de vos émotions.
La stratégie des vases communicants se divisent en 3 vases qui ont tous un objectif différent. Allons voir le tout plus en détail.
Mais d’abord, voici une illustration de la stratégie pour faciliter votre compréhension:
Vase 1 : La réserve de liquidité
Le vase 1 devrait être pleinement liquide, sans risque et disponible rapidement.
Dépendamment de votre tolérance au risque, vous devriez viser à remplir ce vase d’un montant équivalent à 1-3 ans de dépenses non couverts par vos autres sources de revenus (RRQ, SV, pension, immobilier).
Je dis bien dépense et non pas revenu. Vos dépenses sont nettes. Vos revenus ne le sont pas nécessairement. Par exemple, si vous décaissez 50 000$ de vos REER, ce montant est pleinement imposable. Disons que votre taux marginal est de 40%, sur ce 50 000$ décaissé, il ne vous restera que 30 000$ pour vos dépenses. Il faut tenir compte de l’impôt.
Vous voulez suffisamment d’argent dans le premier vase pour être capable de survivre à un marché baissier sans avoir à toucher à vos placements plus risqués.
Le but ici n’est pas de générer de gros rendements. On cherche plutôt à protéger vos besoins en liquidité pour vos dépenses des prochaines années.
Avant de prendre votre retraite, vous devriez vous assurer que vous avez suffisamment d’actifs pour couvrir vos besoins en dépenses annuelles avec un taux de retrait sécuritaire de 4% ou moins. Par exemple, si vous avez réussi à épargner 1M$ dans vos placements, un retrait de 4% vous donnerait un montant de 40 000$ annuellement.
Le vase 1 devrait donc contenir entre 40 000$ et 120 000$. Préférablement entre 80 000$ et 120 000$.
Disons que vous opter pour 3 ans dans votre réserve de liquidité. Vous pourriez conserver 1 an de dépenses dans un compte épargne intérêt élevé.
Pour être certain que vous restez dans vos taux de retrait, vous pourriez faire des retraits réguliers vers votre compte chèque.
Pour les besoins en liquidité de l’année prochaine, on pourrait souscrire à un CPG venant à échéance dans 1 an et pour les besoins de l’année suivante, un CPG venant à échéance dans 2 ans.
Si vous voulez plus de flexibilité, vous pouvez prendre des CPG encaissables ou même investir dans un fonds du marché monétaire.
Maintenant, allons voir le deuxième vase.
Vase 2 : Le vase à revenu
Ce vase a comme objectif de générer du revenu avec un risque contrôlé.
Puisqu’on veut utiliser les investissements de ce vase pour périodiquement regarnir le premier vase, on veut se concentrer sur la stabilité.
Toutefois, pour s’assurer que vos investissements produisent un revenu qui vous permet au moins de suivre l’inflation, il faut prendre un peu de risque.
Les investissements dans le vase deux devraient se concentrer principalement sur des actifs de revenu fixe. Des obligations de haute qualité devraient être détenues en majorité. On peut aussi ajouter une plus petite proportion d’actions qui paient des dividendes en investissant dans un fonds de dividendes. On pourrait également intégrer des obligations à rendement élevé.
Le vase deux devrait détenir un montant suffisant pour 7-8 ans de dépenses. À 40 000$ de dépenses annuelles en supplément aux autres revenus, le vase deux devrait être entre 280 000$ et 320 000$.
À chaque année, vous devriez effectuer un re balancement. Regardez lesquels de vos classes d’actifs ont mieux performées et vendez une portion de ces investissements pour renflouer le vase un. Je suggère de procéder à cette exercice semestriellement (deux fois par an).
Si vous rencontrez un marché baissier majeur, cessez temporairement de renflouer le vase un en conservant 1-2 ans de dépenses plutôt que 2-3 ans. On laisse ainsi le temps aux actifs exposés au marché de rebondir.
Par exemple, en 2022 les obligations et les actions ont chutés en même temps. Pendant cette période, je vous aurais suggéré de ne pas renflouer le vase un pour laisser le temps à vos placements de rebondir. Cette décision aurait été sage puisque le marché a rebondi drastiquement en 2023. La fin de 2023 aurait donc été un bon moment pour en profiter pour renflouer le vase un avec vos actifs qui ont le mieux performés.
Une dernière chose. Plutôt que de combiner vos investissements dans un seul fonds, il est pertinent d’étaler vos investissements à travers différents fonds qui investissent dans des classes d’actif différentes. Ainsi, vous aurez la flexibilité de sélectionner les classes d’actifs qui ont bien performées pour renflouer le vase un.
Si tout est combiné dans un seul fonds, on n’aura pas cette flexibilité.
Vase 3 : Croissance à long terme
Avec le vase un qui contient 3 ans de dépenses et le vase deux qui en contient minimalement 7 ans, vous ne devriez pas avoir à toucher au vase trois avant 10 ans.
On peut ainsi se permettre d’investir dans des classes d’actifs plus volatiles qui ont d’excellent potentiels de rendement à long terme.
On devrait privilégier la détention d’actions dans ce vase. Seules les actions ont démontré leur capacité constante à surpasser l’inflation. Je préfère diriger la composante des actions vers la qualité et les dividendes dans un effort de réduire la volatilité du portefeuille.
Si votre patrimoine est relativement élevé, les placements alternatifs tel que le private equity seraient un ajout très intéressant.
Le principe est le même que pour le vase deux. Lorsque certaines de vos classes d’actifs ont très bien performées, on en profite pour renflouer le deuxième vase.
Bref, le vase trois protège votre pouvoir d’achat à long terme et peut même permettre à votre patrimoine de continuer à croître malgré vos décaissements.
Il est important de tester différents scénarios. C’est à dire de vérifier le comportement de votre plan de retraite dans un contexte de bons et de mauvais rendements. Je suggère également de déterminer le risque minimum nécessaire pour que votre plan de retraite soit réussi. Ça se fait très bien dans un logiciel de planification financière.
Quelle est le désavantage de cette approche?
Il y a un coût d’opportunité à avoir une partie de ses actifs en argent. Ce qui veut simplement dire que l’argent du vase un ne profite pas des rendements du marché. Personnellement, je trouve que le « tradeoff » en vaut largement la chandelle.
Mot de la fin
Gérer ses investissements durant la phase de décaissement est significativement différent de pendant la phase d’accumulation. Ça demande une gestion plus active de votre argent.
Souvent, on a tendance à croire que la planification financière est plus importante pendant la période d’accumulation, mais c’est plutôt l’inverse. La complexité s’accentue lorsque vient le temps de se retirer du marché du travail.
À la retraite, on est exposé à plusieurs sources de revenus à travers lesquels il faut faire des choix :
- Quand prendre mes rentes RRQ et SV?
- De quel véhicule de placement est-ce que je devrais décaisser? (REER, CELI, NE, corpo)
- Comment structure mon portefeuille?
- Quel train de vie est-ce que je peux me permettre?
- Est-ce que je mets en péril ma retraite si j’achète XYZ?
Il faut aussi jongler avec plusieurs types de risques :
- Longévité
- Inflation
- Séquence des rendements
- Variation du marché
- Santé
Planifier sa retraite c’est un travail qui demande beaucoup de temps et de connaissances. D’autant plus que ce n’est pas un plan statique. Le plan de retraite doit être révisé périodiquement car nous vivons dans un système complexe et dynamique. Les choses changent et elles changent rapidement.
Si vous n’avez pas envie de vous casser le coco, un planificateur financier spécialisé en planification de la retraite peut très bien vous aider.
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