Aujourd’hui, je vous partage 3 tableaux qui pourraient très bien changer votre perception quant à votre stratégie d’investissement. Ces tableaux ont été construits à partir des données provenant de Dimensional Fund Advisor sur le marché américain pour la période allant de 1928-2023. Quoique ces données ne représentent que le marché américain, je crois que les conclusions qu’on peut en tirer peuvent très bien s’appliquer aux actions et aux obligations internationales, donc à un portefeuille diversifié mondialement.
Prenez le temps de bien consulter ces tableaux. Je vous laisse également mes commentaires pour vous aider à tirer une conclusion de ce paquet de données.
Analyse / Constats
- Parmi l’univers des fonds obligataires, les études sur les revenus de retraite montrent généralement que les résultats les plus favorables sont avec les obligations d’État à moyen terme (Intermédiaire). Elles offrent une balance appropriée entre la recherche des rendements plus élevés tout en maintenant une volatilité plus faible pour éviter les risques supplémentaires. Par exemple, sur le roulement des périodes de 40 ans, on obtient 0,10% de rendement supplémentaire pour une volatilité moins élevée de 400 points de base.
- Les obligations (Bonds) sont d’excellents instruments financiers pour réduire la volatilité d’un portefeuille et générer un revenu prévisible. Historiquement elles sont peu corrélées avec les actions, ce qui ajoute une bonne diversification. Toutefois, cette sécurité vient en échange de rendements beaucoup plus bas. On devrait voir les obligations comme une façon de diminuer le risque de son portefeuille. Détenir la bonne quantité d’obligation en fonction de votre tolérance au risque peut permettre à un investisseur émotionnel d’éviter des erreurs très coûteuses comme sortir du marché après une baisse. D’où l’importance de prendre le temps de bien évaluer votre profil d’investisseur avant d’effectuer une décision quant à l’allocation de vos actifs.
- Autre concept important à comprendre ici, le concept de prime de risque. On peut clairement voir que les investisseurs qui prennent plus de risque sont récompensés sur le long terme. La recherche d’un meilleur rendement nécessite d’être capable de supporter une volatilité supérieure. Quand on y pense, c’est logique. Fondamentalement, les investisseurs préfèrent la certitude à l’incertitude. Une obligation procure un rendement connu avec des protections contractuelles qui contribuent à garantir que son rendement est réalisé si elle est conservée jusqu’à l’échéance. Le rendement des actions est plus incertain, car il dépend des performances futures de l’entreprise ainsi que de l’évolution des perceptions des investisseurs à son égard. Si une action offrait le même rendement que les obligations, mais avec une volatilité plus élevée, l’investisseur type ne serait pas disposé à l’acheter. Pour accepter le risque, les investisseurs chercheront à obtenir un rendement plus élevé attendu au fil du temps que celui qu’ils pourraient obtenir avec des obligations plus fiables. Ce rendement attendu plus élevé représente la prime de risque. Historiquement, si on se fit au S&P500, la prime de risque pour les actions à long terme est d’environ 5-6% par rapport aux obligations à long terme du gouvernement US. Cela implique que si les taux d’intérêt à long terme sont de 4%, l’espréance de rendement des actions est d’environ 9-10%.
- Comme on peut le constater, certains facteurs semblent procurer des rendements supplémentaires. Notamment, on peut remarquer que sur le long terme, les actions de petite capitalisation (Small-Cap) et les actions avec un accent sur la valeur (Value) tendent à produire un rendement supérieur en échange d’un risque supérieur. Les investisseurs sont récompensés pour leur risque, mais comme on peut le voir ils doivent être prêt à tolérer une volatilité énorme à court terme. Le pire rendement sur 1 an pour les Small-Cap Value a été de -55,40%! Un investisseur qui amerait inclure un satellite de Small-Cap Value dans son portefeuille devrait avoir un horizon de placement très long. Au moins un bon 20 ans. Plus on a un horizon de placement à long terme, plus l’effet de la volatilité se dilue. Par exemple, sur les périodes roulantes de 40 ans, le pire rendement composé des Small-Cap Value a été de 11,60%. À titre de comparaison, si on prend les périodes roulantes de 15 ans, le pire rendement composé a été de -1,90%.
- La capacité à prendre des risques et l’horizon de placement sont des facteurs essentiels à prendre en compte dans les décisions d’investissement. Par exemple, on peut voir que pour les Small-Caps, le pire rendement composé sur 1 an est de -55%, le pire rendement composé sur des périodes roulantes de 15 ans est de -1,90% et le pire rendement composé sur des périodes roulantes de 40 ans est de 11,60%. La détention de Small-Cap peut permettre de bonifier l’espérance de rendement, mais seul un investisseur avec un long horizon de placement devrait le considérer.
- Une légère différence au niveau du rendement peut faire toute la différence sur le long terme. Par exemple, sur une période de 40 ans qui correspond à un horizon de placement raisonnable pour un individu qui débute sa carrière, le S&P500 produisait en moyenne 11,00% de rendements composé sur le roulement des périodes de 40 ans moyen. Les Large-Cap Value quant à eux produisaient un rendement composé de 13,40%. Pour un montant de 100$ investi initialement et un rendement supplémentaire de seulement 2,40%, on accumule 8 739$ de plus, soit plus que le double. D’où l’importance de bien choisir l’allocation de ses placements et de veiller à minimiser l’impact des frais.
Mot de la fin
Finalement, avant de prendre une décision d’investissements, il faut déterminer son profil d’investisseur. Vous devez considérer votre capacité, votre volonté et votre besoin de prendre des risques.
Au niveau de la capacité, c’est simple, ça dépend surtout de votre horizon de placement.
Pour ce qui est du besoin, il s’agit de construire votre plan financier et d’identifier le rendement dont vous avez besoin pour atteindre vos objectifs. Pourquoi prendre un risque démesuré si vous avez seulement besoin d’un rendement de 5%/an?
Le facteur le plus important est la volonté de prendre des risques, car si on ne considère que les deux autres facteurs, on pourrait affirmer que tout jeune investisseur ayant un horizon de placement de plus de 20 ans devrait investir à 100% en actions. C’est tout à fait vrai si vous êtes un robot et que vous n’avez aucune émotion. Alors c’est probablement ce qu’il y a de mieux. Mais, en fin de compte, nous sommes des créatures émotionnelles. Si vous ne pouvez pas dormir la nuit lorsque le marché chute de 10-20%, vous ne pouvez pas être un investisseur agressif.
Beaucoup de gens ne savent pas où ils se situent sur ce spectre avant d’avoir vécu une crise. Lorsque les marchés sont très bons pendant très longtemps, n’importe qui peut penser avoir le profil pour être un investisseur agressif. Gardez à l’esprit que nous n’avons pas connu de marché baissier prolongé ces dernières années. Le Covid et la hausse rapide des taux d’intérêt ont en effet provoqué une chute du marché, mais le marché a rapidement rebondi. Ce qui met vraiment à l’épreuve un investisseur, ce n’est pas tant la profondeur d’un marché baissier, mais plutôt sa durée. C’est ce qui constitue le test le plus important. Comment réagiriez-vous à 3 années consécutives de rendement boursier négatifs?